J'ai du mal.

Je ne me retrouve plus du tout dans aucun de mes actes. Enfin si, c'est justement le fait que je me retrouve trop qui me fait peur. Je retrouve ces vieux réflexes à l'aider n'importe quand, n'importe où, à essayer de comprendre ce putain de monde, pourquoi des gens comme lui tombent là-dedans.

Il parait que je m'occupe l'esprit pour pas penser à autre chose.

David... Je ne penserais pas que tu viendrais autant hanter mes pensées que ces derniers jours.

Mon changement de classe ne s'est pas effectué, et il ne s'effectuera jamais. Parce que je l'ai voulu. Parce que j'ai fais ce choix d'être dans la classe de David un an. Non pas pour moi, mais sûrement pour lui. Enfin si, pour moi. Pour être près de lui si cela ne va pas, pour me sentir utile à quelque chose, pour jouer ma mère Thérésa, pour pouvoir me dire que je ne suis pas une égoïste. Je ne sais pas pourquoi je le fais, mais mon instinct me dire de faire comme cela.

JournéeS DifficileS.

David revient en courant, sûrement parce qu'il a atteint un point de non-retour. Sincèrement, j'ai peur. J'ai peur pour moi, pour lui.

Je l'ai pris dans mes bras cet aprem. Je n'aurais jamais du faire cela, mais je n'en pouvais plus de le voir comme cela, je voulais qu'à mon contact il redevienne pure, qu'il voit que quelqu'un était là, que quelqu'un pouvait l'écouter, lui secouer les puces, lui montrer que la vie est belle. Je n'arrête pas de repenser à tous nos moments heureux, tous ces moments que nous avons passé ensemble à construire quelque chose, à rire, à voir la vie du bon côté.

Les moments qu'il m'a donné ont du mal à partir de mes pensées.

Je me souviens de ces longues promenades dans les parcs, dans les bois, à parler d'avenir, à parler de belles choses, de vie, de drogues, d'enfants, de scolarité. Je me souviens de ces tas d'heures passées dans sa chambre avec cette musique si calme, nos corps nus sous cette couette, et ce sourire qui ne quittait jamais mon visage. Quand je me levais de son lit, une fois rhabillée, j'aimais me regarder dans son miroir. Ce petit miroir accroché au dessus de son bureau.C'est là que j'ai commencé à trouver que j'avais un beau visage.

Je me souviendrais toujours de cette conversation, où il m'avait dit qu'un drogué ne pourra jamais s'en sortir si il ne quitte pas son environnement.

David va le faire. Il part dans 15 jours à 100 kilomètres de moi. Oui...

J'ai été convoqué au bureau principal du lycée. Non pas pour mon changement de classe, mais pour parler de lui. Les conseillères ont remarqué qu'il était de plus en plus blanc, de plus en plus maigre, le nez assez bizarre, ses yeux trop bleus, les traits trop tirés. J'ai raconté et j'ai pleuré.

Il a fait une crise en anglais. Son père est venu le chercher. Il m'a téléphoné ce soir. Tout va bien. Le médecin dit qu'il est en surmenage.

Je sais qu'il me ment, je sais qu'il me mentira toujours. Son meilleur ami m'a dit qu'il était trop tard pour moi pour intervenir, que j'étais depuis longtemps dans les vapes. Je le crois... Mais j'ai du mal.

Comme m'a dit il y a quelque jours Théo ( qui a pris une autre dimension dans ma vie, mais cela est un autre chapitre que je pourrais développer un peu plus loin ), "David t'as pris pour une conne qu'il baisait et puis basta ! Tu l'as aidé pour son Bac et hop il te jette". [ ... ]

Réduire notre relation à cela serait trop dure. Non, ce n'est pas cela. Personne ne peut savoir exactement ce qui c'est passé dans sa tête, ou dans la mienne. Et pourquoi aujourd'hui, on est si lié. Pourquoi j'arrive pas à le retirer de mon esprit, pourquoi je suis sûre de ne plus l'aimer, mais qu'il reste ce regret, comme si la page s'était tirée trop vite, et qu'il avait oublié de remettre le loquet de mon coeur en disant " Merci, j'espère que quelqu'un sera plus digne que moi..."

J'y arrive pas..

J'attends juste que ça explose...