Cet article, je l'ai travaillé.
Je l'avais dans la tête et je le voyais qui défilait mot par mot.
En marchant dans ses rues inconnues, je sentais le titre qui montait.
En parlant cette langue qui n'était pas maternelle, je voyais les phrases en italiques qui se formaient.
Quelques fragments notés sur un bout de papier, je sentais en moi monter ma Fin.

Elle avait la tête légèrement mise de côté. La fenêtre. Voilà donc ce qu'il l'intéressait.
Le soleil faisait fondre la neige. Elle, un peu ailleurs, regardait par la fenêtre. Juste une fenêtre. Un appel d'air. Un appel de vie.

Et puis, je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Il s'est envolé.
Quand j'ai repassé la frontière, la frontière de moi-même, celle qui a fait que je sois revenue dans ma peau de banalité, j'ai effacé ces si belles phrases. J'ai jeté les brouillons. J'ai voulu me rendre à ce que je suis : peu de chose.

On pourrait vouloir avoir des nouvelles de moi.
On pourrait se demander si je vais réellement bien.
On pourrait s'interroger sur mon grand sourire, sur mes airs de tout va bien, sur ma façade.
On pourrait. On pourrait.

De ce besoin de perfection que j'ai en amitié et en amour, je n'en tire pas grand chose.
A part des mots blessants, des relations pas terminées.
Il y a des mots que j'ai lancé, comme ma personne, que je regrette.
Parce que finalement, quand on se fuit, c'est surtout pour éviter de s'affronter.
Quand je me fuis, c'est pour mieux oublier qu'on puisse lire en moi comme dans un livre.
Je ne peux plus concevoir d'échanger des banalités dans la journée, et le soir, en un clic, on puisse lire mon âme.
Je ne peux plus.
Je ne peux pas.

J'ai indiqué que j'étais amoureuse.
Oui, je suis amoureuse.
J'ai même l'Amour triste.
Je suis amoureuse...
Seulement.
Je crois que je ne sais pas encore de quoi.

C'est une Marie apaisée, oui.
Une Marie apaisée par sa relation avec le Net.

Une nouvelle Marie apaisée d'elle-même.
Amoureuse de sa triste vie.