Ma mère a déposé cette carte à travers la porte ce matin. Une tête de chat, noire et blanche, de grands yeux équarquillés. Je me lève, vaseuse, le goût d'une nuit bien agitée, et d'un anniversaire bien alcoolisé. Le retour à la réalité est difficile. Je lis la carte, une petite larme, et puis le message. La citation. Je ne comprends pas encore sur le coup. Et puis, je crois que c'est pour moi, et puis, finallement, je vois que cette citation veut dire aussi : " je t'ai pas vu grandir.."

Midi. En pyjama. Notre petit appartement s'est transformé en QG des 18 ans. La table est mise, cela sent bon le couscous partout, ma mère court partout et m'ordonne de prendre une douche et de m'habiller. Je veux qu'elle choissise ma tenue. J'aimerais qu'elle me sert fort dans ces bras pour que je puisse oublier mon gros chagrin de la soirée. J'aimerais me dire qu'aujourd'hui n'est pas le jour que je me suis fixée depuis déjà deux ans.

Une soirée mémorable. Magnifique. Tellement comme je le voulais. Tellement idéale. Même si les désillutions ont été présentes, même si j'ai pleuré, même si... Même si je sais que c'est fini. De l'alcool, de la danse, des amis, de la joie, des bisous, des surprises et puis surtout du bien-être. Un peu de drague, quelques baisers échangés avec... Et puis repartir comme un papillon furtif dans les méandres de ma sombre vie. Dans mes pensées profondes et essayer de s'en sortir... Mais. Non.

Revoir un ami oublié, serrer fort Théo  dans mes bras et aller au restaurant ensemble. Comme un couple que nous ne sommes plus. Danser et encore danser. M'éclater les jambes, le corps, jouer avec mon corps, danser, s'extérioriser. Craquer... Et ne pas savoir pourquoi. Des envies de meutres, des envies de câlins. Pas un manque sexuel, mais tout simplement de tendresse, de douceur, de protection. Le manque de ne pas être aimé comme je le voudrais.

Je me lève ce matin. Je revois les scènes plus ou moins furtivements dans ma tête. Je me trouve stupide, voire comique. Je me trouve horrible voire détestable. J'essaye de m'accrocher au peu d'envie que j'ai, au peu de rêves qu'il me reste encore.

Recevoir plein de messages, mais pas ceux qu'on espérait. Ni de Lui et encore moins de Lui. Non pas que j'y sois attaché, juste que cela aurait été une reconnaissance... Savoir vraiment qui s'interesse à moi, et puis ceux qui s'en fouttent. Être déçue par certains, mais encore plus valorisée par d'autres.

J'accueille mes soeurs et mon frère. Un goût amer dans la bouche, mais ce n'est plus l'alcool. C'est la rancoeur et le dégoût qui reviennent sans me prévenir. Le dégoût de certains comportements, la rancoeur de ne pas être capable de dire ce qui ne va pas et de ne plus savoir m'extérioriser. Et puis, quand j'essaye, je suis déçue par la réponse, ou en attente de beaucoup plus. Mon gros problème est que j'idéalise beaucoup trop. Trop de valeurs, trop de personnes, trop de situations.  Moi je voyais mon Monde d'un oeil Rose bonbon voire même en Quadricolor. Le genre de truc qui m'a toujours fait horreur. Mais je me rends compte, que mon Monde, je l'ai toujours vu comme ça. Depuis " ça", ce n'est plus la même chose. J'ai remarqué que la vie n'était pas aussi colorée, que parfois elle avait un sale goût...

Ce matin, en me levant, j'avais le goût de la Vie dans la bouche.

Alors oui, j'ai passé un excellent week-end. L'unique week-end depuis 6 mois qui m'a autant fait plaisir et je ne remercierais jamais autant les amis qui y étaient présents. Ils m'ont donnée une très grande leçon d'amitié...

Je suis majeure.

Et même quand devenant grande, elle s'est retrouvée toute petite sur ce rocher...